Les cours sont à nouveau sous pression au moment où je termine l’écriture de ce Market Report.

Une nouvelle attaque sans aucune logique fondamentale a de nouveau lieu sur des marchés de l’or et de l’argent papier devenus irréels et fictifs.

Cette consolidation des cours depuis 18 mois, qui adopte la même configuration que celle de 2007-2008, rend certains investisseurs nerveux. C’est compréhensible, étant donné la durée de cette consolidation, mais rien n’a changé au niveau des fondamentaux de marché. Au contraire, de plus en plus d’éléments plaident en faveur d’une nouvelle phase de croissance du cours de l’or et de l’argent.

Egon Von Greyerz, un des plus important gérant de fonds au monde sur le marché de l'or et membre du conseil d’administration de Goldbroker.com, rappelait récemment que le véritable mouvement haussier sur l’or n’avait pas encore commencé, malgré 13 ans de performance continue. Lire ses explications ici et ici



Investir dans le contexte actuel est délicat et difficile psychologiquement, car nous sommes dans une situation unique, à la fin d’un super cycle de dette et à la fin d’une expérience monétaire qui a débuté avec la fin de la convertibilité de l’or en dollars,  et donc en pleine phase de transition vers un nouveau système monétaire.

Protéger son épargne est devenu d’autant plus délicat que la désinformation et les manipulations perturbent les indicateurs traditionnels, devenus obsolètes.

Une mise en perspective s’impose, donc, car il existe encore quelques indicateurs fiables, qui ne trompent pas les spécialistes du marché de l’or, et qui remettent en cause le discours des pseudo-économistes, conseillers financiers, banquiers et médias annonçant la fin du marché haussier de l’or.

Petite parenthèse : ce sont les mêmes qui ont fait rater 13 ans de performance continue sur les métaux précieux, aux investisseurs. Performance qui aurait permis la multiplication du capital de millions d’investisseurs par 6. L’or et l’argent sont, pour rappel, les deux meilleurs actifs financiers de ces dix dernières années.

Au lieu de cela, le pourcentage de la population mondiale se retouvant sous le seuil de pauvreté, bénéficiant de food stamps ou ayant perdu tout ou partie de leur épargne (crash boursier, crash immobilier, inflation), a explosé.

Les entendre parler aujourd’hui de la fin du marché haussier sur l’or est à la limite du comique et devrait vraiment faire réfléchir sur les intérêts qu’ils défendent en priorité, certainement pas ceux des investisseurs et épargnants. (Analyser cette désinformation en relation au point 5, que j’aborde plus bas concernant un Gold Rush silencieux.)

Impossible, donc, de faire confiance au discours dominant pour protéger son épargne correctement.

Les investisseurs ne le réalisent pas tous, mais ils sont au milieu du champ de bataille de la guerre monétaire globale.  Survivre dans ce contexte est  difficile, et les métaux précieux, qui ont permis le meilleur niveau de protection de fortune depuis 10 ans, sont parfois sous pression ; c’est le cas avec cette phase de consolidation. Multiplier son capital, ou ne serait-ce que le protéger, n’a jamais été facile ; cela requiert connaissance financière et patience, mais le marché haussier de l’or est tout, sauf terminé. (voir ici mon interview vidéo de Egon Von Greyerz)

1) La réunion du G20 n’a fait que confirmer la poursuite des politiques d’impression monétaire illimitée et la fuite en avant. La conclusion que l’on peut tirer de ce sommet est que le Japon a été autorisé à accélérer la dévaluation du yen. Ce qui a été annoncé est en complète contradiction avec la réalité d’une guerre monétaire globale, qui entraîne toutes les monnaies vers le bas et nous rapproche dangereusement de l’hyperinflation.

La FED continue à imprimer 85 milliards de dollars par mois pour racheter des actifs sans valeur et financer le déficit du gouvernement US. On le voit bien désormais, l’impression monétaire exponentielle, permettant le financement des déficits des Etats, est devenu globale.

Toutes les monnaies s’effondrent, à des vitesses différentes, et il semble donc important de masquer/manipuler l’indicateur révélant l’inflation (l’or), pour empêcher les masses de faire le lien entre politiques monétaires, inflation et appauvrissement généralisé par perte de pouvoir d’achat.

Le nombre de personnes bénéficiant de « food stamps » (tickets d’aide alimentaire) aux USA vient de dépasser la barre des 50 millions.

2) L’or est à nouveau en backwardation depuis fin janvier : ce qui signifie que les investisseurs majeurs ne vendent pas leur or physique, alors qu’ils pourraient empocher des bénéfices faciles, en vendant aujourd’hui au cours spot et en rachetant moins cher via un contrat futur à horizon de quelques mois. (Lire ici une explication détaillée de Philippe Herlin)

Que ces investisseurs, que l’ont peut qualifier d’initiés, ne vendent pas alors que tout est fait, via la manipulation sur le COMEX, pour faire chuter les cours et donc les inciter à vendre leur or physique, est révélateur du fait qu’ils ne veulent pas vendre à un cours artificiellement bas. Ils sont donc conscients, comme de plus en plus d’investisseurs, que le cours spot « papier » est manipulé et fictif, et qu’il ne reflète en rien la vraie valeur de l’or physique.

La confiance dans la détermination actuelle du prix de l’or s’effondre.

Cette tendance est à rapprocher du phénomène de rapatriement des stocks d’or par les Etats et du Gold Rush silencieux abordé au point 5) plus bas.

On peut se demander pourquoi les Etats commencent à rapatrier un actif qui n’est, à en écouter les médias, qu’une relique barbare sans valeur ?

Exemple le plus frappant en date : l’Allemagne, qui devra attendre sept ans pour obtenir une petite partie de l’or physique qu’elle possède (en théorie). Un délai de sept ans ne trouve aucune justification logique pour cette quantité d’or, sauf à considérer que l’or n’existe plus et qu’il a été vendu sur les marchés par ceux censés le stocker, afin de manipuler les cours à la baisse.

3) Les banques centrales n’ont jamais acheté autant d’or depuis 1964 : pourquoi les banques centrales achètent-elles autant d’or ? Anticipent-elles une évolution à venir de notre système monétaire international ?


Jim Sinclair, investisseur légendaire, apporte une réponse cette semaine en expliquant que nous sommes dans un processus de revalorisation globale de l’or, et que l’or sera la base du futur système monétaire, car seul actif/collatéral de confiance reconnu internationalement.  Nous sommes en pleine phase de transition vers ce système, et l’un des moyens de protéger son capital dans cette période est d’être investi en or physique.

Le problème majeur aujourd’hui est l’absence d’étalon de confiance, de collatéral solide permettant de solder une dette ou de « l’éteindre », selon l’expression.

Aujourd’hui, les dettes gouvernementales sont remboursées via l’émission de nouvelles dettes ; à aucun moment elles ne sont réellement soldées. Les gouvernements,  banques centrales et investisseurs détiennent majoritairement des actifs basés d’une manière ou d’une autre sur de la dette, ou dette de dette, via des produits financiers auxquels progressivement plus personne ne fait confiance.

L’or, une fois revalorisé (comme cela a été le cas le 30 Janvier 1934 via le Gold Reserve Act qui a entrainé une revalorisation de l'or de 70%) permettra de solder les dettes. c’est le « Golden End Game », selon Jim Sinclair, qui permet une remise à zéro des compteurs et de repartir sur des bases saines.

C'est la solution monétaire qui sera utilisée en remplacement des programmes d'assouplissement monétaire (QE), comme en 1934.

A la différence de 1934 cependant, l'or ne sera pas confisqué car personne n'en détient réellement, l'investisseur moyen n'en détient pas comme dans les années 30. Il n'y a donc grand chose à confisquer.

4) L'or est survendu et consolide sur ses plus hauts : Adam Hamilton, analyste et trader sur le marché de l’or depuis 10 ans,  qui avait annoncé qu’une consolidation allait avoir lieu sur l’or en août 2011, vient de repasser haussier sur l’or en se basant notamment sur un indicateur qu’il suit, le « Relative Gold » ci-dessous.

Cet indicateur est survendu et vient d’atteindre des niveaux proches de ceux de la fin de l’année 2008, juste avant une progression de +166,5% du cours de l’or sur 33,3 mois. Que cet indicateur soit survendu alors que le cours consolide sur les plus hauts de 13 ans est très positif pour l’évolution future du cours de l’or.

Techniquement (voir graphique), Adam Hamilton affirme que nous sommes sortis de la phase de consolidation depuis mai 2012, et que le mouvement haussier a repris.

Adam Hamilton nous rappelle également que l’ennemi mortel des investisseurs est l’émotion. La cupidité conduit les investisseurs à acheter haut, et la peur à vendre au plus bas. C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire afin de multiplier son capital. Pour éviter cela, il faut remettre les choses en perspective, ce que je viens de faire en rappelant quelques fondamentaux et indicateurs de confiance.

5) Un Gold Rush silencieux : James Corbett, dans un excellent article de synthèse publié ici en anglais, nous explique que la ruée vers l’or actuelle s’opère de manière silencieuse. C’est peut être le point le plus important à comprendre selon moi :

Les banques centrales savent ce qui se passe. Elles savent parfaitement que nous sommes dans une expérience monétaire assimilable à un schéma de Ponzi mondial qui prendra fin, comme tout schéma de Ponzi, via un naufrage monétaire (certainement l’hyperinflation).

Les banques centrales sont conscientes de la dévaluation généralisée des monnaies permettant aux Etats une meilleure compétitivité temporaire sur les marchés, et  permettant également d’alléger le poids des dettes.

Elles savent que l’or physique disponible est très largement inférieur à la quantité d’or papier vendu sur les marchés, et que cet or « papier » ne représente que des promesses de livraison d’or qui n’existe pas.

Elles savent que le marché de l’or est un gigantesque jeu de chaises musicales, comme je l’explique ici, et que la musique (la confiance dans le marché papier) va s’arrêter brutalement.

Pour toutes ces raisons, elles achètent le plus d’or physique possible avec un maximum de discrétion (tout comme la Chine qui ne publie pas ses réserves d’or officielles), pour éviter de déclencher une ruée vers l’or physique qui assécherait le marché.

Les banques centrales ne veulent pas se retrouver sans chaise quand la musique s’arrêtera. Les Etats et les investisseurs initiés non plus.

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