Il y a environ quatre ans, Zerohedge.com a partagé un télégramme top-secret de 1968, récemment déclassifié, envoyé au Secrétaire d’État par l’ambassade américaine de Paris, qui dévoilait la vision globale derrière la création des droits de tirage spéciaux (DTS ou SDR, Special Drawing Rights) du FMI. Dans cette note, il était révélé que, malgré ce que certains pourraient penser, l’idée principale derrière la promotion d’une monnaie « papier » de réserve supra-nationale n’avait qu’un but : permettre aux États-Unis de « demeurer les maîtres de l’or. »

Voici ce qu’un des paragraphes top-secrets disait, en cette froide soirée de mars 1968 :

"Si nous voulons avoir une chance de demeurer les maîtres de l’or, un accord international sur les règles du jeu telles que soulignées ci-dessus nous semble être une priorité. Il serait naïf de croire que nous disposons d’assez de temps pour attendre et voir comment les DTS se développeront. En fait, le défi semble vraiment d’atteindre, par un accord international, en une très courte période de temps, ce qui autrement ne pourrait être atteint que très graduellement, en plusieurs années."

Cela remet en question le vrai but du FMI, n’est-ce pas? Parce que le rôle qu’il s’est donné est très noble, en apparence, soit celui de préserver la stabilité des pays en voie de développement et, de plus en plus, des pays développés... mais il semble bien que le vrai motif derrière la création du Fonds monétaire international était de promouvoir et d’encourager le développement d’une monnaie alternative de réserve internationale, les Special Drawing Rights, et à terme de s’en servir comme coussin, ou intermédiaire, pour la conversion de toute monnaie « barbare », comme l’or, vers la devise fiduciaire de l’avenir : les SDR, nouvellement créés. Et alors que de plus en plus de pays convertiraient leur or en SDR, ce qui resterait de vraie monnaie serait presque sous contrôle exclusif des États-Unis.

Lors des 44 dernières années, ces SDR n’ont jamais décollé. Car le statut de monnaie de réserve du dollar US a été bien établi, grâce notamment à la « Grande Modération » des années ’80, à l’explosion des produits dérivés des années ’90, et au rejet du Glass-Steagall Act des années 2000, alors que le monde était littéralement inondé d’à peu près un million de milliards US$ de produits dérivés, ce qui eut pour effet d'inextricablement lier le destin du monde à celui du dollar.

Cependant, en 1974, peu après que Nixon ait mis fin au système de Bretton Woods et consolidé le destin du dollar en tant que devise fiduciaire n’étant plus convertible en or, l’avenir des SDR était encore brillant, surtout à une période où les États-Unis semblaient prêt à subir la réalité inflationniste qui suivrait la crise du pétrole de 1973, conduisant à une perte potentielle de confiance dans le dollar américain...

... ce qui nous amène au sujet de cet article aujourd’hui : le système monétaire international, le statut de monnaie de réserve internationale, les SDR et, évidemment, l’or... encore.

Ci-dessous, vous trouverez un mémo écrit en 1974 par Sidney Weintraub, Vice-Secrétaire d'État adjoint pour la Finance internationale et développement, à Paul Volcker, alors qu’il n’était que sous-secrétaire chargé des affaires monétaires au département du Trésor, et pas encore à la tête de la Réserve fédérale. La source de ce mémo a été trouvée dans les Archives nationales, RG 56, Office of the Under Secretary of the Treasury, Files of Under Secretary Volcker, 1969-1974, Accession 56-79-15, Box 1, Gold – 8/15/71- 2/9/72. Il n’y avait pas de marques de classification. Une note est estampillée dessus : « Noté par M. Volcker. » Une autre note, datée du 8 mars, indique que des copies furent envoyées à Bennett et à Cross. Ce mémo se trouve aujourd'hui, dans sa forme déclassifiée, dans le Document 61, Foreign Relations Of The United States, 1973-1976, Volume XXXI Foreign Economic Policy, et peut être obtenu au site internet de l’Office of the Historian.

Ce mémo retranscrit la pensée des États-Unis au sujet de ces nouveaux SDR, du destin des devises de papier, et de la préservation du contrôle des États-Unis sur le statut de monnaie de réserve internationale. Plus important, il aborde plusieurs approches pour dominer l’or ainsi que l’intérêt des États-Unis à bannir l’or du système monétaire et à plafonner le prix du marché libre, ce qui contrastait avec les demandes des divers pays déficitaires d’Europe (ça vous rappelle quelque chose?) qui souhaitaient un destin différent pour l’or, à un moment où la monnaie unique européenne n’existait pas encore et où les pays européens voulaient financer leurs déficits avec de l’or... ce qui ne faisait pas l’affaire des États-Unis, naturellement.

Tout en suggérant à nos lecteurs de lire le mémo en intégralité, voici quand même les deux points principaux.

Premièrement, voici les intentions réelles des États-Unis vis-à-vis l’or :

"Les objectifs des États-Unis pour un système monétaire international avec les SDR (ZeroHedge :ou les dollars US) – un système durable, stable, avec, au centre, un actif fort comme réserve – sont incompatibles avec le rôle continu important de l’or en tant que réserve... Les États-Unis craignent que toute augmentation importante, maintenant, du prix auquel les transactions d’or s’effectuent renforcerait la position de l’or dans le système et nuirait aux SDR (ZeroHedge : ou aux dollars US)."

En d’autres mots, on ne peut laisser l’or dominer un « système durable, fiable », et un prix de l’or à la hausse ferait mal à la monnaie de réserve. Plusieurs personnes le savaient, mais il est toujours mieux de le voir écrit noir sur blanc dans un document officiel top-secret.

Continuons :

"Pour encourager et faciliter l’éventuelle démonétisation de l’or, notre position est de garder le prix courant de l’or, maintenir l’interdiction des Accords de Bretton Woods d’acheter de l’or au-dessus du prix officiel et d’encourager la disposition progressive de l’or monétaire par des ventes sur le marché privé. Un autre moyen de démonétiser l'or serait d'échanger l'or contre des SDR avec l'aide du FMI, qui vendrait cet or graduellement sur le marché privé et alloueraient les profits de telles ventes, soit aux détenteurs originaux de cet or, ou alors un autre type d'accord... Toute redéfinition du rôle de l’or doit être basée sur le principe évoqué plus haut : les SDR doivent être au centre du système et il est hors de question d’introduire une nouvelle forme d’or (bi-métalisme or-papier), dans laquelle les SDR et l’or seraient en concurrence."

Et voilà comment révéler, en trois phrases, toute la pensée profonde derrière les SDR du FMI : simplement s’en servir comme véhicule à travers lequel quelques rares chanceux peuvent accumuler de l’or (surtout ceux-là même qui peuvent créer ces SDR à partir de rien), tout en faisant profiter les heureux vendeurs de « profits » papier.

Et, juste au cas où ce n’était pas encore assez clair :

"Option 3 : Compléter la démonétisation à court terme de l’or via un arrangement de substitution avec le FMI. Les pays pourraient donner leurs réserves d’or au FMI en échange de SDR. L’or pourrait alors être vendu graduellement, dans le temps, par le FMI sur le marché privé. Les profits de ces ventes d’or pourraient être en partie distribués aux détenteurs originaux de l’or, qui réaliseraient alors au moins une partie du gain de capital, alors que l’autre part de ces profits pourraient servir à autre chose, comme aider les pays moins développés. Les avantages : Ceci nous ferait atteindre notre but de démonétisation et aiderait à résoudre le problème de l’immobilité de l’or, puisque les SDR reçus en échange pourraient servir à des règlements sans craindre de sacrifier d’éventuels gains en capital. Les désavantages : Cette démonétisation pourrait être trop rapide pour que certains pays l’acceptent. Il n'y aurait aucun avantage à financer les importations de pétrole avec des ventes d’or aux Arabes (même si ce n’est pas nécessairement incompatible avec un tel arrangement)."

Je me demande qui serait assez stupide, sur le « marché privé », pour convertir leur monnaie de papier, qui a tant de valeur, en reliques barbares sans valeur?

Et, finalement, y avait-il une toute petite suggestion pour un système alternatif au petro-dollar? Peut-être le pétro-or?

"Certains Européens pensent qu’un prix de l’or plus élevé faciliterait le financement des importations de pétrole, pour les règlements... Bien que l’utilisation de l’or pour les règlements inter-européens puisse aider à financer les déséquilibres entre les pays européens, cela ne pourrait, en soi, fournir les ressources pour financer le déficit anticipé avec les producteurs de pétrole. Pour cela, il serait utile que les producteurs pétroliers investissent une partie de leurs revenus excédentaires en achat d’or des pays déficitaires européens au prix du marché. Cette proposition pourrait être attrayante pour les pays européens et pour les États-Unis, vu qu’elle n’impliquerait pas de futurs charges d’intérêts et éviterait les problèmes immédiats découlant de la prise de propriété grandissante par les Arabes des industries européennes et américaines. (Les Arabes pourraient vendre l’or et aussi en utiliser les revenus pour investir directement... donc le problème de propriété industrielle ne serait pas entièrement résolu.) Du point de vue des Arabes, un tel actif aurait l'avantage d’être une protection contre les changements de taux d’échange et l’inflation, et pourrait faire l’objet d'un contrôle national absolu."

On pourrait se demander si le prix de l’or est « assez élevé » maintenant pour les Arabes, et où ils en sont maintenant avec cette idée de convertir du pétrole en or... ou encore en un renminbi adossé à l’or. Est-ce maintenant ou bientôt, quand cette inflation accumulée dans le bilan de la Fed, déjà à 4 mille milliards de dollars, et qui continue d’augmenter, commencera à s’étendre dans l’économie?

> Lire l'intégralité du mémo ici

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