Surprise jeudi dernier : contrairement à ce que prévoyait la quasi-totalité des intervenants sur les marchés, Ben Bernanke a décidé de ne pas diminuer son Quantitative easing (QE). Ce sont donc toujours 85 milliards de dollars qui seront créés par la Fed tous les mois pour acheter de la dette fédérale (45 milliards) et des crédits hypothécaires aux banques, les MBS (40 milliards). Les marchés sont pris à contre-pied.

Nous avions dit ici il y a deux semaines que nous pensions que le QE allait continuer, et même augmenter lorsque le successeur de Bernanke prendra place le 31 janvier prochain. Nous verrons bien. Mais en ayant renoncé à une diminution même symbolique, de l’ordre de 10 à 15 milliards d’euros, ce qui n’aurait pas changé grand-chose sur le fond, Bernanke avoue la gravité de la crise qui frappe les Etats-Unis, et le fait qu’il n’existe aucune reprise économique sérieuse.

Bernanke reconnaît également implicitement qu’il existe trop de bulles aux Etats-Unis (le Dow Jones, l’immobilier dans certaines zones) et dans le monde (nombre de matières premières et de pays émergents, de devises et de marchés boursiers), et qu’une simple diminution du QE pourrait provoquer une série de krachs.

Bernanke sait aussi que la zone euro vit actuellement une rémission passagère mais que les problèmes de fond subsistent. Son collègue de la BCE, Mario Draghi, vient d’ailleurs d’annoncer qu’il n’excluait pas un nouveau prêt géant à long terme (LTRO) pour les banques européennes en difficulté. Manifestement, les 1.000 milliards d’euros prêtés en deux fois fin 2011 et début 2012 ne suffisent pas. Il y a de quoi s’inquiéter, et l’on vient d’ailleurs d’apprendre que la banque italienne Monte dei Paschi (la plus ancienne du monde, elle a été fondée en 1472, quel symbole) vient de faire défaut sur le paiement d’intérêt de sa dette et qu’elle recherche en urgence des investisseurs privés sous peine d’être nationalisée par un Etat italien qui croule sous sa propre dette… En fait le système financier et économique mondial est fragile au point qu’un léger changement de cap de la Fed pourrait provoquer son naufrage. Voilà la situation.

Il y avait une bonne nouvelle jeudi, qui n’a fait que quelques lignes dans les médias : le cours de l’or a bondit. Voilà une réaction saine. L’or, on ne peut pas l’imprimer ! Au milieu de toute cette liquidité, on peut être assuré qu’il va surnager.

Les actions aussi ont monté suite à l’annonce de Bernanke, mais pas vraiment pour de bonnes raisons : bien sûr, elles profitent de l’afflux de liquidité, elles sont une bulle parmi d’autres. Ben Bernanke est coincé et sa seule marge de manœuvre consiste à maintenir le QE d’ici le 31 janvier où il passera le témoin à son successeur, en espérant qu’un krach ne survienne pas d’ici là. Sauver les apparences, voici l’ambition du président de la Federal Reserve.

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